S07 – Les tours de la semaine du 14 février
Quels numéros de magie politique ont-ils marqué l’actualité entre le 14 et le 20 février 2022 ?
(Rappel : la liste des tours cités ici – ils sont notés en italique – se trouve sur cette page)
- Les Hors sol continuent à se multiplier, notamment du côté des soutiens du président Macron – serait-ce parce que détenir le pouvoir leur donne trop de confiance ? Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, propose ainsi de nommer au Conseil constitutionnel la magistrate qui avait suivi le classement sans suite de la plainte pour prise illégale d’intérêt qui le visait… De quoi faire grincer des dents, certains soupçonnant un renvoi d’ascenseur, alors que Richard Ferrand avait l’embarras du choix pour cette nomination. Toujours à l’Assemblée, Éric Woerth refuse de démissionner de la présidence de la commission des finances, alors que ce poste est réservé à l’opposition et que, depuis l’annonce de son soutien au chef de l’État, il a de fait rejoint la majorité présidentielle. Sa justification est pour le moins osée : « Je ne soutiens pas le premier mandat d’Emmanuel Macron, j’ai dit que j’allais soutenir le deuxième mandat d’Emmanuel Macron » ! Pas de quoi encourager la secrétaire d’État accusée de harcèlement, Nathalie Élimas, à quitter son poste…
- Nicolas Bay, le porte-parole de la campagne de Marine Le Pen, était-il un espion à la solde du candidat Éric Zemmour ? C’est ce qu’a déclaré la présidente du Rassemblement national avant de le suspendre de ses fonctions, peut-être uniquement pour lui couper l’herbe sous le pied alors qu’il s’apprêtait à la quitter pour rejoindre le polémiste… La quête de l’Anneau unique autorise toutes les trahisons, et utiliser un complice pour voler les secrets des tours d’un concurrent est toujours utile.
- Du côté d’Éric Zemmour, d’ailleurs, on ne rechigne pas aux trahisons et aux manipulations les plus éhontées à l’aide de complices bien placés. Grâce à un journaliste infiltré, un contributeur respecté de Wikipédia a pu être convaincu de malhonnêteté : militant pour le candidat d’extrême droite, il participait à une entreprise de « zemmourification » de l’encyclopédie en ligne en poussant des modifications allant dans le sens de son chouchou, au mépris des valeurs de la communauté.
- Enfin, la situation continue de s’aggraver en Ukraine, où propagande et manipulations donnent lieu à de nombreux numéros de « magie de guerre ». Par exemple, l’armée russe parvient à accomplir l’exploit de partir sans bouger, et de diminuer ses troupes en augmentant leur nombre : les Occidentaux ne voient aucun signe du retrait des troupes russes de Crimée et de la « désescalade » annoncée, bien au contraire. Les vidéos de réaction « à chaud » à la reprise des bombardements dans le Donbass ont en fait été tournées deux jours plus tôt, comme si la Russie avait anticipé une dégradation de la situation… Et si, côté occidental, on se ridiculise par des prédictions trop précises sur la date du déclenchement des hostilités, on se montre assurément alarmiste. Et si le président russe, Vladimir Poutine, était seulement en train de réaliser un Chérie j’ai agrandi le bébé pour voir quelles concessions son bluff lui permettra d’arracher ?